Dimanche 11 octobre 2009
21:30. Je traverse le pont Alexandre III vers la rive droite, passe devant le Grand Palais jusqu’au couloir aménagé avec des barrières pour revenir à l’entrée principale de la Nef. Le service d’ordre – costume, chemise, cravate noirs – est d’une très grande amabilité. Arrivée sur le parvis, il nous est demandé d’éteindre les téléphones portables. Les appareils photo et enregistreurs audio sont interdits. Un vestiaire est réservé pour les déposer. Une fois passé le vestibule l’entrée est drapée de noir. Derrière, les gradins (places assises). La scène est à l’opposé (vers le Palais de La Découverte) dans le transept. A droite dans la Nef, le bar, le vestiaire. Il commence à y avoir du monde mais cela semble bien peu rapporté à la taille de l’édifice. Le public est âgé de 25 à 60 ans. Je me dirige vers la gauche de la scène car cette partie est peu fréquentée, il y a deux rangs de spectateurs devant moi, les barrières, la sécurité (men in black à oreillette) et la scène à 1,50 m. La musique d’ambiance est discrète, les gens sont souriants, calmes, heureux d’être là.
Une annonce rappelle l’interdiction d’enregistrer, de filmer, de photographier. C’est le souhait de Prince pour qu’il continue de se produire en concert. C’est un moment rare et unique, nous devons être la seule mémoire de ce spectacle (!).
22:00. Bria Valente vient d’arriver, elle est sur le palier de l’escalier à gauche de la scène. Toute la partie gauche du transept qui va du palier jusqu’au fond est drapée de blanc. La sono fait entendre un bruit d’orage, les lumières baissent, les musicien(ne)s s’installent, Prince sort du drapée blanc, descend les marches, passe derrière la scène. Il est vétu d’un costume cintré blanc avec quelques broderies de paillettes. Il semble boiter. Sur scène il passe à gauche où son préparateur – qui ressemble à un membre de la mafia russe – lui passe sa guitare. Prince à une chemise noire à jabot avec un haut col (genre K.L.). Il est à cinq mètres, j’hallucine.
Ce sont les premières mesures de « 1999 », les derniers rayons de lumière du jour traverse la verrière du Grand Palais. Puis il enchaîne « I Feel », « Little Red Corvette », « Cream ». On a droit à « Le Freak » de Chic, « Mountains » avec « Shake Your Body » des Jacksons et du Sly And Family Stone. L’harmoniciste est surprenant. Après une courte pose où une choriste fait une reprise des Rolling Stones, Prince revient nous demander ce que l’on veut qu’il joue : Jazz? Funk? Rock? Tout le monde hurle son choix, il rit. « Anotherloverholenyohead », « Kiss » avec des mesures de « Miss You » (il me semble que c’est ce que l’on appelle des mashup(s)) qui dure un quart d’heure. De la folie. Il invite une quinzaine de filles à monter sur scène pour danser avec lui (sans garde du corps). Tout au long du concert revient comme un gimmick « All Day, All Night! » de Jill Jones, « Raspberry Beret ». La sécurité surveille la foule à la recherche de « pirates ». « Sometimes », « Cool » et d’autres reprises. Le public est là pour le plaisir et lui faire plaisir. Je me surprend moi aussi à entrer dans le jeu! Encore une pause, le public est suspendu au mouvement de Bria Valente, elle part. Il semble que ce soit la fin, mais les lumières ne se rallument pas. Le public fait des « All Day, All Nihgt! ». Bria Valente revient. Prince aussi, on lui donne sa guitare. L’orchestre démarre « Purple Rain », l’architecture du Grand Palais est éclairée de violet. L’ombre de Prince s’affiche sur le mur opposé de la scéne. Il fait deux vocalises puis s’arrête et écoute le public chanter (j’en fais partie). Il joue avec le public, il est comme à la maison. Je sens que j’ai les yeux qui brillent, je regarde autour de moi… je ne suis pas le seul ! Cela dure pendant un quart d’heure. Grandiose, sublime. Puis Prince enlève la guitare de son cou, la prend à plat dans ses deux mains comme on berce un enfant. Et il la jette avec une immense tendresse au public. Beau cadeau pour celui qui l’a récupérée. Il quitte la scène, Bria Valente n’est plus là, un bruit d’orage enfle, Prince part sur la gauche de la scène traverse la Nef, monte dans une Mercedes noire et quitte le Grand Palais.
0:10. Je quitte le Grand Palais.